Mlle Peggy,Infirmière

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94, France
Mes patients m'appellent souvent Mlle Peggy ,c'est une façon pour eux d'établir une proximité sans pour autant être trop familiers,une sorte de formule "intermédiaire" entre le tutoiement et le vouvoiement,qui leur convient et que je trouve charmante.Vous l'aurez donc compris ,mon quotidien est de soigner les corps et les âmes,"les petites histoires de Mlle Peggy" sont des brèves de vies,qui vous feront rire,parfois pleurer,souvent réfléchir,enfin qui vous laisseront rarement indifférents,je pense. Ah j'ai oublié de vous dire mais vous avez du le deviner:je suis infirmière,et je pratique mon art à domicile,en petite banlieue parisienne.Je tiens à préciser que par souçi du respect du secret médical auquel je suis soumise,les lieux,les identités des patients et leurs familles,les pathologies sont modifiés,et les faits sont romancés. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est purement fortuite. Bonne lecture!!!

mardi 29 avril 2014

Mr Pasdechance

Cela fait déjà plus d’un an que je me rends chaque matin chez Monsieur Pasdechance, pour traiter son diabète .C’est un patient agé, insulino-dépendant, vivant seul sans famille connue.
Comme beaucoup de personnes âgées et malades, il est très ritualisé et rien ne saurait perturber ses habitudes bien ancrées du lever au coucher.
Mr Pasdechance est assez exigeant en ce qui concerne les horaires de mes passages et il ne tolère aucun retard, nous avons donc parfois des scènes dignes d’un vieux couple, mais d’une manière générale notre entente est plutôt cordiale.
Il faut dire que je suis la seule personne à venir le voir, sept jours sur sept ,365 jours par an, il attend donc ma visite avec impatience et les quelques minutes que nous passons ensemble matin et soir sont pour lui précieuses car elles représentent pour lui sa seule fenêtre sur l’extérieur.
Ce jour là, le temps est particulièrement doux, la tournée est légère, je pense même pouvoir faire une petite pause déjeuner en terrasse…..bref je rêve !!!
J’arrive chez mon patient grisée par cette atmosphère printanière, sans vraiment penser à lui et je sonne.
Pas de réponse.
J’insiste.
Rien.
Ma bonne humeur matinale cède vite la place à l’inquiétude.
Ce n’est pas le genre de Mr Pasdechance  de ne pas répondre quasi instantanément à l’interphone….
Il est diabétique insulino-dépendant donc il faut absolument que j’arrive rapidement à rentrer en contact avec lui.
Je décide de le joindre par téléphone, une sonnerie, deux, trois, quatre :
-« Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Mr Pasdechance, indisponible pour le moment, laissez-moi un message, je vous rappellerais dès mon retour ! »
La pression commence à monter sérieusement, je suis sure maintenant qu’il lui est arrivé quelque chose de grave.
Une femme d’une cinquantaine d’années s’apprête à sortir de l’immeuble et déverrouille la porte, je m’avance pour entrer mais elle me barre le passage en me demandant sur un ton soupçonneux :
-« Je vous prie de m’excuser mais ou allez-vous ? »
-« Je vais chez un de mes patients »
-«  et pourquoi ne sonnez-vous pas chez lui, il vous ouvrira !!! »
-« j’ai sonné, il ne répond pas, je dois m’assurer qu’il n’a pas fait un malaise donc laissez-moi passer ! »
-« vous avez une carte ? »
-« une carte de quoi ???? » elle commence sérieusement à m’agacer Julie Lescot…..
-« une carte d’infirmière!!! »
Je prends une inspiration lente et profonde et j’expire tout aussi lentement, et en tentant de conserver mon calme je lui réponds que je n’ai pas de carte et que je vais non seulement entrer dans cet immeuble mais aussi appeler la police et les pompiers, je lui conseille donc de coopérer.
Elle me laisse pénétrer dans le hall avec mauvaise grâce, mais décide de rester avec moi « on ne sait jamais ».Je monte quatre à quatre les escaliers jusqu’au troisième étage et je compose le 18 en même temps, très vite j’obtiens le standard et je leur explique la situation. Ils me confirment leur venue, en attendant je décide de voir si les voisins sont au courant de quelque chose. Julie Lescot arrive essoufflée quelques minutes plus tard et me dit :
-« vous n’avez pas appelé les pompiers ??? »
-« si pourquoi ? »
-« ils vont casser la porte, ça va faire bon genre dans le quartier pardi !!! »
Je lui réponds que ça fera toujours meilleur genre qu’un mort mais ça n’a pas l’air de la perturber plus que ça !
Je tambourine à la porte de mon patient, rien ne bouge, chez les voisins non plus d’ailleurs, l’immeuble semble vide, inhabité…..
Quelques minutes se passent et j’entends enfin la sirène  du véhicule des pompiers qui arrivent à grands renforts, ce qui désespère Julie Lescot qui ne pense qu’à la réputation de l’immeuble!
Ils sont là, explications rapides, ils tapent très fort à la porte de Mr Pasdechance en lui hurlant d’ouvrir, pas de réponse.
Puis ils se dirigent chez les voisins chez qui ils frappent violement et là, à ma grande surprise la porte s’entrouvre ….
-« Bonjour Madame, nous avons besoin d’accéder à votre appartement »
-« Ah mais c’est-à-dire que mon mari a une bronchite et….. »
Les pompiers n’attendent pas la fin de la réponse et investissent l’appartement.
Ils voudraient tenter de voir si une fenêtre de mon patient n’est pas ouverte ce qui éviterait de casser la porte et soulagerait fortement Julie Lescot !!!
Bingo, une des fenêtres est entrouverte, ils vont donc passer en rappel par l'exterieur.
L’attente est longue, la progression de l’homme n’est pas facile et dangereuse .Ces frères d’armes lui indiquent la marche à suivre  calmement mais fermement,depuis l’appartement des voisins.
L’ambiance est très tendue.
Durant ces courts instants qui paraissent etre une éternité,je pense à ce que nous allons trouver derrière la porte mais aussi au pompier se met en danger pour réussir  à entrer dans cet appartement…
Soudain on l’entend derrière la porte, il l’ouvre.
Je rentre, le couloir de l’entrée est long et dessert plusieurs pièces. 
Nous retenons notre souffle à chaque porte poussée et ouverte.
La salle de bains, personne….
Le salon, personne…..
La cuisine, la porte est fermée, je la pousse doucement, personne……
La chambre est toujours la pièce que je redoute le plus et que j’inspecte en dernier…..
La chambre, le corps de Mr Pasdechance est couché face contre sol.
Il est chaud,il ne respire plus,pas de pouls palpable:arrêt cardio-respiratoire.
Les pompiers commencent les manœuvres de réanimation, elles dureront une demie heure, l’heure du décès sera prononcée à 9h30.
Si seulement nous avions pu entrer dans cet appartement une demi-heure plus tôt.

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dimanche 27 avril 2014

Les lascars et le daron

Voilà maintenant deux jours que je n'ai aucune nouvelles de Mr Cheet, j’ai même commencé à me faire à l'idée que je ne le reverrais plus mais là, je me suis emballée trop vite puisqu'il m'a appelle ce matin.
-"Allo Doc, c’est Cheet, on peut se voir ce soir vers 18h00 comme d'hab?"
-"pardon mais je vous entends mal....."
-"............"
Il a raccroché, je vais devoir y retourner.
18h00:l'endroit n'a pas changé, toujours autant de monde, l’affaire de Mr Cheet est un commerce qui tourne....
Je le retrouve dans l'appartement, toujours aussi sale, avec plusieurs comparses. Ils jouent au poker et sont déjà bien emechés.Le pansement que je lui ai fait la dernière fois est dans un  état déplorable, je ne sais pas ce qu'il a fait pour le mettre dans un état pareil, et je préfère ne pas le savoir.
Les bandes sont sales et déchirées par endroits et mouillées, je préfère pour le moment, ne pas imaginer l'état de la plaie.
Je commence les soins et je préfère ne pas lui demander ce qu'il a fait durant ces deux jours derniers, mais je décide quand même de lui toucher deux mots quant à la conduite à tenir avec une plaie aussi importante que la sienne et je lui explique clairement que j'arrêterai de le prendre en charge s'il ne fait pas preuve de plus de serieux.Le risque sceptique est important et je ne peux pas le soigner s'il ne respecte pas les conditions d'hygiène élémentaires. Prise dans mon envolée lyrique, je ne remarque pas que le silence s'est fait autour de nous et quand je relève la tête, je constate que tous les lascars présents dans la pièce me dévisagent comme si j'avais perdu la raison.....
Je me tais.
Je commence lentement à ranger mon matériel.
Mon patient baisse le regard et  caresse de sa main gauche les bandes neuves du pansement fraichement refait.
De longues secondes de silence passent, il relève la tête et me fixe du regard.
Je me lève.
-"c'est du bon taf, j’ai abusé vous avez raison, j’vous kiffe donc je vais faire attention. Demain même heure?"
-"ok demain même heure, bonne soirée."
Les gars s’écartent, je sors, désormais j'aurais moins peur.
Plusieurs semaines se sont écoulées, Mr Cheet a vu un médecin, et a suivi les traitements et les consignes médicales. Il e s'est efforcé également à respecter les rendez-vous. Malgré un stress constant pour moi j'ai réussi à établir un dialogue et à avoir des échanges avec mon patient qui ont même parfois donné lieu à quelques fous rires.
Il est vrai que j'ai une réputation de bavarde et je suis en générale assez volubile pendant les soins ce qui ne déplait pas aux malades, souvent seuls la plupart du temps.
Aujourd'hui je raconte à Mr Cheet et sa bande l'histoire d'un patient qui s'est suicidé après avoir accidentellement, blessé grièvement sont  fils.
A ma grande surprise, deux clans se forment instantanement:les partisans du père qui comprennent le geste lié à la culpabilité, il n'a pas blessé son fils volontairement ce sont les circonstances qui ont induit le drame et ils considèrent qu'il ne méritait pas de mourir. Les autres  pensent le contraire....
Chacun défend son point de vue en haussant de plus en plus le ton, un attroupement se crée sur le palier, tout le monde veut connaitre le fin mot de l'histoire quand soudain j'entends un gars qui hurle
-" MAIS POURQUOI TU LE DEFENDS ? C’EST UN POTE A TOI L'DARON? MOI J'TE DIS DARON OU PAS DARON, TU M'NIQUE ? J’TE NIQUE!!!"
Euh il va falloir que je désamorce le conflit car notre simple discussion est  en train de prendre une tournure inattendue.
-"Voilà, c’est terminé, vous n'avez plus besoin de soins"
-"quoi c'est terminé? Ça veut dire quoi????"
-"ça veut dire c'est fini, plus de pansement, on laisse à l'air libre, et vous restez tranquille!!!"
Silence.
Il observe sa main, l’approche, la recule pour mieux la voir et finit par me dire:
-"vous savez quoi docteur?"
-"non?"
-"Vous avez trop assuré!!!!"



jeudi 24 avril 2014

Les lascars,épisode2

Après une nuit courte et agitée, me revoilà sur la route, préocuppée à l’idée de retrouver mes lascars d’hier.
J’appréhende le rendez-vous.
Hier soir, lorsque j’ai défait le pansement de sa main, j’ai découvert une énorme plaie au niveau de la paume de la main et du pouce qui ressemblait étrangement à une morsure.
Je lui ai demandé de m’expliquer ce qui s’était passé pour que je puisse le prendre en charge efficacement et il m’a raconté qu’il avait eu maille à partir avec des gars « d’une bande adverse » et dans la bagarre, un type l’a effectivement mordu et  lui a carrément arraché l’intérieur de la paume de la main avec ses dents…..
S’en est suivi l’intervention de la police, avec laquelle des coups ont été échangés mais il a réussi à s’enfuir.
La plaie n’est pas belle à voir mais mon nouveau patient refuse catégoriquement d’aller à l’hôpital ou de voir un medecin.Il va même jusqu’à me dire : « de toute façon toubib, infirmière c’est kif kif !!!! »
Peut-être sauf que là, il lui manque une partie de son anatomie.
J’ai refait le pansement, en lui précisant les conditions d’hygiène à respecter strictement.
La journée se passe et me voici à nouveau en bas de chez mon patient.
Même cirque que la veille, toujours autant de types louches rodant dans les couloirs, le sbire affecté à la porte me reconnait et me laisse entrer.
L’endroit est tellement sale que je ne peux rien toucher, impossible de poser mes affaires quelque part sans prendre le risque de contacter Ebola !!!
Plaisanteries à part, j’arrive à trouver une place près du blessé et j’organise un petit plan de travail pour pouvoir refaire le pansement.
J’enlève les bandes avec difficulté car la plaie a beaucoup saigné, les compresses sont collées entre elles, j’ai donc un mal fou à les enlever. Mr Cheet est plutôt tendu malgré la quantité importante d’alcool ingurgitée.
Je le fais parler pour détourner son attention du soin, je lui explique qu’il faut absolument mette en place une surveillance médicale régulière car étant donné l’importance de la plaie, avec un traitement antibiotique, un rappel de vaccination éventuel.
Je lui précise que je connais un médecin qui se déplacera sans problème.
A ma grande surprise, il accepte.
Rendez-vous à 18h pour le lendemain.
Nouvelle journée, il est 17h00, je commence ma phase de concentration pour le rendez-vous de Mr Cheet, mon téléphone sonne, « numéro privé » s’affiche à l’écran, je peste en décrochant, persuadée que c’est encore un appel pour « m’aider à défiscaliser »….
-« allo Doc, pas ce soir, j’vous rappelle, j’ai un empêchement !!! »

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mercredi 23 avril 2014

Les lascars


Quinze heures, je reçois un appel  téléphonique pour réaliser un pansement « en urgence ».
A priori, le patient est un jeune homme, je l’entends assez mal car il est dans un endroit bruyant, très certainement un centre commercial ou une gare.
Il semble stressé et pressé, parle très rapidement et il m’explique qu’il ne peut pas m’indiquer au téléphone les circonstances de l’accident mais il le fera cet après-midi de vive voix.
Après avoir raccroché je reste perplexe quelques instants puis la tournée étant chargée, je reprends mes visites rapidement.
19h00 :j’arrive à l’adresse indiquée, je pousse la porte d’un petit immeuble modeste de cinq étages, il n’y a pas d’ascenseur  mon patient habite au  4ème, je prends donc mon courage à deux mains et je commence mon ascension.
Bizarrement, un pressentiment étrange me met  soudainement mal à l’aise.
L’ambiance qui règne ici est inhabituelle, les portes entrouvertes de certains appartements laissent entrevoir des intérieurs étroits, sombres et démunis, j’entends des éclats de voix et de la musique écoutée beaucoup trop fort.
Il y a de surcroît beaucoup de passages dans ces escaliers, de jeunes hommes pour la plupart regards fuyants, capuches enfoncées jusqu’aux yeux !!!!
Une fois sur le palier du  quatrième étage, je dois me frayer un chemin au milieu d’une bonne quinzaine de jeunes, qui me détaillent avec insistance de la tête aux pieds, ce qui n’est pas pour me rassurer. Le patient m’a précisé que c’était la porte n°6, j’y suis…..un sbire se tient devant et n’a vraiment pas l’air malin. Je lui explique que je suis l’infirmière attendue par Mr Cheet, tous les regards sont braqués sur moi, il fait décidément très chaud ce soir !!!!
Le « vigile » passe un coup de fil succin ce qui me permet de percevoir le son de sa voix, il raccroche, ouvre la porte et me fait signe d’entrer.
A cet instant précis, je déglutis avec difficulté, je sens que je devrais faire demi-tour mais je me sens prise au piège et je rentre…
L’appartement est un squat, un vrai squat de voyou, un squat comme on les voit dans les films avec des bouteilles vides de rhum et de whisky qui jonchent le sol au milieu des mégots de joints écrasés, un canapé sale et éventré trône au milieu de la  pièce, et pour compléter le tableau ,le Pitt bull de rue est assis dans un coin de la pièce.
Il y a plusieurs hommes présents dans cet endroit’ un d’entre eux a la main bandée, il semble être celui qui détient l’autorité dans le groupe.
Je m’avance vers lui, et je me présente.
Il me répond :
« Content de vous voir docteur, j’suis en cavale pour une  p’tite affaire, donc  je ne préférais pas aller à l’hosto, j’me suis mis au vert ici pendant deux trois jours, et je vais avoir besoin d’vos services !!! » dit-il en agitant la main bandée.
Récapitulons : me voilà dans un studio faisant office de planque, entourée de voyous qui paraissent tous aussi frapadingues les uns que les autres dans l’obligation de soigner un type a priori en difficulté temporaire…..

Je sens que je vais avoir des choses à vous  raconter très prochainement !!!!


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vendredi 18 avril 2014

Plus belle la vie

Nouvelle patiente en ce beau mois de septembre, un de ces mois de septembre ou l’été ne semble pas vouloir laisser sa place à l’automne, une période que j’adore.
La rentrée a eu lieu il y a deux semaines déjà et à mon arrivée, une jolie petite fille âgée d'environ quatre ans, m’ouvre la porte l'air renfrognée. A priori, elle ne semble pas ravie de me voir entrer chez elle.
Je la salue et j'essaye de briser la glace, mais mon interlocutrice n'est pas facile à séduire.....Sa maman m'explique les raisons de la mise en place du traitement pendant que sa petite fille s'assoit franchement entre nous sans me quitter du regard.
Elle finit par me demander :"tu vas lui faire mal à Maman?"
Je lui réponds que c'est une petite injection qui pique légèrement mais qui ne fait pas souffrir.
Elle a l’air plutôt sceptique:

-".......tu connais Laly?"
- "non, qui est ce?"
-"c'est une fille qui joue dans "plus belle la vie", tu connais "plus belle la vie"?"
-"non,  je ne connais pas...."
Pendant ce temps je prépare l'injection et je m’apprête à piquer sa mère.
L'enfant ne bouge pas d'un millimètre, et tient la main de sa maman fermement.
Je lui dit :
-"et alors elle est sympa cette Laly, tu la trouves jolie?"
Je pique, sa mère tressaille.
Elle me répond en me regardant droit dans les yeux:
-"non je la déteste et en plus, je la trouve super moche!!!!"
Je me disais bien aussi......


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Dimanche pluvieux

Parfois les gens peuvent être étonnants....
Il est vrai que dans ma pratique, je vois tous les jours, tous types de profils et ce matin, une visite chez un patient m'a évoqué une petite aventure particulière....
Il y a quelques semaines, un monsieur âgé  m'appelle pour prendre une série de rendez-vous. Au téléphone, le contact est sec et un peu autoritaire. J’en déduis qu'il est un peu stressé par son intervention future et je programme ma première visite au lendemain, un dimanche.
Après une après-midi passée en famille, je dois reprendre ma tournée avec une motivation proche du degré zéro, il pleut, il fait froid, bref j'aurais préféré rester au chaud son mon plaid préféré à manger des bonbons avec les enfants en regardant des niaiseries à la télévision mais non, il faut y aller puisque le devoir m'appelle.
J'arrive à l'adresse donnée, belle maison bourgeoise, j’hésite sur l'exactitude de l'adresse car tous les volets sont fermés.....
Je sonne, j’attends quelques minutes, temps nécessaire pour que je sois trempée par la pluie glacée, je sonne à nouveau, personne n'ouvre... 
Je retourne dans la voiture récupérer mon agenda pour téléphoner à Mr Jaitoutmontemps, pas de réponse....
Je commence très sérieusement à être agacée quand soudainement j'entends un bruit de barre de fer, déverrouillage de volets de portes et un monsieur âgé apparaît, il regarde à droite à gauche l'air méfiant et me demande de décliner mon identité!!!!
N'en pouvant plus, je lui réponds depuis la rue plusieurs fois, de plus en plus fort car en plus d'être paranoïaque, il est sourd comme un pot!!!
Une fois toute la rue alertée par mes cris, il décide de m'ouvrir enfin l'accès à la forteresse après l'avoir menacé de partir.
Trempée et très énervée, je rentre dans la maison plongée dans l'obscurité en râlant plus que de raisons.
Je le préviens que je n'attendrais pas à chacune de mes visites autant de temps pour réaliser un soin qui dure, théoriquement, en tout et pour tout  une minute, il me répond que je lui plais et qu'il aime les femmes à "fort caractère», ce type a un problème c'est certain!!!A l’ instant où je m'apprête à lui répondre courtoisement mais énergiquement, j'aperçois à ma grande surprise un revolver, posé sur la table de l'entrée.....
Évidemment ma mauvaise humeur est descendue aussi vite qu'un soufflet, et j'ai ravalé ma réponse qui aurait pu faire mouche mais je suis courageuse mais pas téméraire. Mon statut de mère de trois enfants ne désirant pas faire partie de la rubrique "Faits divers" du journal local, m’oblige donc je décide de faire profil bas.
Me voilà embarquée pour dix jours de soins avec un vieux fou paranoïaque armé.
L'arme n'a pas bougé les neuf jours suivants....
Lors de ma dernière visite, Mr Jaitoutmontemps m'a remercié avec gratitude en ces termes
"Et bien merci Peggy pour vos bons soins, laissez-moi donc une petite carte!!!"

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mardi 15 avril 2014

Les fusibles



Hier soir j'arrive chez une patiente et je constate en entrant dans l'appartement que l'électricité ne fonctionne pas.
 Je remonte le couloir conduisant à sa chambre à tâtons et je la trouve installée dans son fauteuil dans l'obscurité. 
Ravie de me voir elle m'explique que le gars qui "refait" sa salle de bains a fait "sauter les plombs" en branchant un outil et qu'il est parti chercher un copain électricien pour trouver la panne depuis une bonne heure et demie!!!!
Le copain en question habite à Meaux et ayant déjà une bonne dizaine d'heures de travail derrière moi, je ne compte pas attendre le retour du gars, je décide de débrancher le fameux appareil et de remettre le disjoncteur en position "on». En moins de trois secondes, nous assistons au miracle produit par l'électricité .....La lumière réapparaît! !!
Je commence les soins et un bon quart d'heure après mon arrivée, arrive le malin du jour au téléphone avec une certaine "Monique». Je l'entends pousser des exclamations de surprise en constatant que l'électricité fonctionne. "Eh dit donc Monique, tu ne sais pas la meilleure, y’a de la lumière partout, et ben putain, j’en reviens pas!!!Attend Monique, quitte pas, je te reprends y'a une dame qui est là!!!"
La "dame" en question c'est moi, si, si....Un peu interloquée par l'attitude surréaliste du type, j’arrive à lui expliquer
que c'est son appareil "fait masse" donc que je l'ai débranché et reconnecté le compteur. Là, le roi du bricolage se frotte le front l'air abattu, demande à Monique s'il peut la rappeler plus tard parce que "là l'histoire est trop belle!" et il me dit "bon ben je vais rappeler mon pote électricien, montrez-moi juste comment ça fonctionne son disjoncteur parce que moi autant les fusibles ça me connaît mais les plombs je suis moins calé, elle est pas belle l'histoire! !!"
Je cherche toujours la caméra cachée.


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Chloé,histoire courte.

Chloé a 13 ans et est gravement malade depuis l'age de 3 ans.
Je m'en occupe depuis plusieurs années maintenant ,les soins sont lourds et pénibles pour elle.
Elle est à bout de souffle depuis quelques mois ,c'est pour cette raison qu'elle est inscrite sur une liste de greffe,elle est prioritaire pour recevoir de nouveaux poumons,qui lui redonneraient un peu souffle,qui sauveraient potentiellement sa vie.

Chaque jour est un jour de plus mais chaque instant se complique aussi.
Sa famille vit autour d'elle et avec elle,les plus jeunes grandissent et les autres vieillissent,Chloé est quant à elle "en sursis". 
Sa mère m'a appelé ce matin.
Son enfant a été greffé cette nuit.

"Les prochains jours sont critiques  mais l'état général de Chloé est plutot bon,il faut attendre maintenant,nous avons confiance,merci pour votre aide et le soutien que vous nous avez apporté ces derniers temps...."
"Je vous en prie,c'était normal..."
Quoiqu'il arrive,ces gens sont surhumains,vraiment....


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Le petit roquet (épisode 2)


Quel plaisir de voir le soleil briller tôt le matin après ces longues journées d'hiver, on se sent aérien, d’humeur printanière, ouvert au monde et prêt à affronter la journée de travail qui débute. C’est en tout cas dans cet état d'esprit que je suis arrivée ce matin chez la dame au roquet que vous connaissez déjà, grâce au comportement excessivement agressif qu'adopte son York (qui ressemble plus à un greemlins qu'à un York d'ailleurs!!!) en fonction de la couleur des gens qu'il rencontre...
J'arrive donc ce matin chez la bête toujours aussi enragée à ma simple vue, ses hurlements me font un peu oublier mes divagations matinales, il est dans les bras de son maître, qu’il mord d'ailleurs à plusieurs reprises, par dépit de ne pouvoir me dévorer....Cet animal est décidément très antipathique.
Je commence le soin et au détour de la conversation Mr York me dit:
"Quelle belle journée, vous ne trouvez pas?"
Je lui réponds qu'effectivement un peu de soleil change la vie et adoucit les mœurs ce qui n'est pas pour me déplaire.
Et il me rétorque:
"En plus ce soleil, cette douceur ambiante, ça doit vous rappeler votre pays, n’est-ce pas???"
Euh.....comment lui  dire .....
Et puis non je ne discuterai pas aujourd’hui, c’est une trop belle journée ......"n'est-ce pas"?




Le petit roquet




Petite histoire drôle du jour:
Hier matin, je prends en charge une nouvelle patiente qui m'accueille souriante mais affublée d'un petit roquet très hargneux. Je rentre chez elle et j'affronte la bête déchaînée persuadée que ces aboiements ne sont que du bluff....Erreur le chien fonce sur moi et me mord à la cheville !!! Pas de dégâts car le York doit peser deux kilos à tout casser, mais il a vraiment l'air de vouloir en découdre avec moi. Sa maîtresse décide alors de le garder dans ses bras et à ma grande surprise le console à force de caresses et de compliments.... Le soin se termine et nous fixons le prochain rendez-vous au lendemain matin. Aujourd’hui, à mon arrivée, le chien est toujours aussi fou de rage mais contenu dans les bras du mari de ma patiente ....
Nous entamons la conversation et Mme York me dit:
"Oh ne vous inquiétez pas il va finir par s'habituer à vous, les seules personnes qu'il ne supporte vraiment pas, ce sont les noirs!!!"
Surprise par sa réflexion, je lui réponds:
"Ah et bien ça tombe mal alors, il ne va pas s'habituer à moi !"
Surprise, elle me répond:
"Pourquoi vous n’êtes pas noire vous?"
"Et si au moins à 75% par mon père et ma mère!"
Et là, avec une spontanéité incroyable, il m'assène une réponse qui mérite des roulements de tambours :
"Et bien si ça peut vous rassurer, ça ne se voit pas du tout!!!"
Je crois que tous ceux qui me disent d'écrire un livre n'ont pas tort.....